Art plastique / Voix de feu: «trois bandes de couleurs verticales bleu, rouge, bleu» pour 1,8 millions de dollars
Dans les années 90, une tempête d’indignations et de dérisions se soulevèrent à la suite de l’acquisition par le Musée des Beaux-Arts du Canada, du tableau Voix de feu, créé par l’artiste peintre américain Barnett Newman, à 1,8 millions de dollars. Des doutes se posèrent sur la valeur artistique de l’œuvre et des controverses sur le prix dit <<exagéré>>.
Vétéran de l’école de New-York, Barnett Newman est l’un des représentants les plus remarquable de l’expressionnisme abstrait. En 1967, il réalise cette œuvre (Voix de feu) à la suite d’une commande pour le pavillon des États-Unis à l’exposition universelle de Montréal.
A travers la création de Voix de feu, Barnett Newman entend faire la lumière sur deux aspects fondamentaux : La dimension matérielle et celle métaphysique d’une œuvre artistique. <<Voice of Fire (voix de feu) représente un cri, une contestation face aux dilemmes moraux soulevés par la guerre du Vietnam, avec lequel Newman exprime sa colère et sa protestation contre l’entrée des États-Unis dans la guerre du Vietnam>>(Mémoire de Safa Jomaa sur la maîtrise en muséologie et pratiques des arts concentration muséologie).
L’achat de cette œuvre par le Musée des Beaux-Arts de Canada a déclenché une tôlée de réactions et de controverses tant dans le sphère médiatique, que celui culturel et politique ou chez les simples citoyens. On peut voir les médias se moquer de l’œuvre à travers des caricatures éditoriales. Devenus un fait marquant, des débats se faisaient à travers radios et télés autour de cette acquisition du Musée des Beaux-Arts du Canada.
Ces événements ont également profité à l’industrie vestimentaire car on pouvait remarquer des créations de «tee-shirts de feu ou cravate de feu…». Pour amuser la galerie, un horticulteur local a peint la façade latérale de sa serre aux couleurs du tableau de Barnett Newman. Initiative qu’il a nommé «Barn of Fire» (grange de feu). Même dans l’arène politique, il n’y a pas eu de retenue. Le coût d’achat de cette œuvre qui n’est pas « canadienne » et ayant pris en compte la moitié du budget annuel du musée, a poussé les députés à exiger un droit de regard sur les acquisitions
du musée en déclarant qu’«un choix peut être artistiquement bon, mais politiquement mauvais» (Mémoire de Safa Jomaa sur la maîtrise en muséologie et pratiques des arts concentration muséologie).
Le comité permanent des communications de la culture de la Chambre des Communes a suggéré que le musée mette en vente ce tableau. Mais pour le convaincre du contraire et défendre l’œuvre, Shirley Thomson, en ce moment directrice du Musée des Beaux-Arts du Canada a fait un plaidoyer d’arguments de taille pour démontrer l’importance de l’œuvre et de son auteur comme artiste philosophe et penseur. Shirley Thomson dans son argumentaire compare Voix de feu aux chefs-d’œuvre des grands peintres de l’art comme Michel-Ange, Monet, Renoir ou Cézanne.
L’œuvre demeure jusqu’à ce jour la possession de Musée des Beaux-Arts du Canada et une très grande valeur et attention lui sont désormais accordées.
Bérénice Célia Gainsi
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