Journée Mondiale du Théâtre 2022/Le théâtre béninois aujourd’hui : Ce que ses acteurs en disent

Organiser par l’Institut International du Théâtre (IIT), la Journée Mondiale du Théâtre (JMT) est célébrée le 27 mars de chaque année depuis 1962. Pour l’édition 2022, le thème est <<Théâtre et culture de la paix>>. Au fil des siècles, le théâtre est resté la forme d’art la plus populaire et une véritable source de divertissement dans le monde entier. Au Bénin, à l’instar de la communauté internationale, la JMT 2022 a suscité assez d’engouement dans le rang des acteurs culturels. Ces derniers qui au delà des moments de divertissement n’ont pas manqué d’apporter leurs points de vue sur l’état actuel du théâtre au Bénin.

Dans le sphère du théâtre béninois,ils sont nombreux ses acteurs qui ont su se faire une place remarquable tant au plan national, qu’international. Cette ascension permet de hisser le théâtre béninois à une place non moins importante dans le monde. Interrogés, quelques pratiquants actifs du théâtre béninois n’hésitent pas à couvrir d’éloges cet art de la scène. Du talentueux Casimir Agbla alias Dom-Dom, passant par l’ingénieux Jean-Louis Kedagni et le brillant Lucas Allavo ou encore l’intrépide et amazone Carole Lokossou les sons de cloche se rejoignent: Le théâtre béninois ne vit peut être pas une vie princière mais il est néanmoins à un niveau non moins négligeable.

<<Notre théâtre au Bénin n’est pas à l’arrière cours du théâtre du monde. Que ce soit dans la mise en scène ou dans l’actorat ils existent des hommes et femmes passionnés et très engagés pour le théâtre. Les créations sont de bonnes factures et matures>> déclare Dom-Dom. Et a Carole Lokossou de renchérir <<Heureusement, le théâtre béninois renaît de ses cendres malgré tous les problèmes de réformes, malgré toutes les questions et toutes les problématiques administratives.>> Pour cette dernière, l’engagement et la dynamique qui se fait ressentir actuellement dans le secteur en est une preuve palpable. Elle poursuit donc <<Nous avons eu en 2021 beaucoup de créations et en 2022, c’est un florilège de créations et ça éclore de partout…Par exemple avec l’École Internationale de Théâtre du Bénin (EITB), nous avons déjà une dizaine de création depuis le début de cette nouvelle année…Le théâtre s’investit partout, hors des murs conventionnels>>. Lucas Allavo quant à lui résume tout ceci en six mots <<Le théâtre béninois se porte bien>>.

C’est peut-être une vérité que le théâtre béninois se porte bien. Mais comme l’affirme Jean-Louis Kedagni, <<Le théâtre vit avec ses énormes difficultés comme tout bon métier d’avenir>>. Tout bonheur cache certainement quelques fissures de malheur. Et aujourd’hui, le théâtre béninois vit avec ses malheurs qui malheureusement constituent un frein à son essor effectif. Si Carole Lokossou reconnaît qu’il existe aujourd’hui une florilège de créations, elle attire néanmoins l’attention de tous sur les manques qui font que ces créations ne vivent pas comme il le faut. <<Ce qui manque à l’essor du théâtre aujourd’hui, c’est la distribution et la diffusion. Il faut doter des salles pour qu’elles puissent diffuser les créations et que les créations puissent être distribuées afin qu’elles soient plus rapprocher du peuple.>> Affirme Carole Lokossou. Et elle renchérit <<Si on a de plus d’espaces de diffusion et de distribution, si on a de plus en plus de spectacles qui sont rapprochés du public, je crois que le théâtre connaîtra de meilleurs jours>>.

Au delà du manque d’espaces de diffusion et de distribution notifié par Carole Lokossou, Jean-Louis Kedagni parle d’un manque d’organisation bien structurée du secteur et d’une volonté politique insuffisante. Lucas Allavo quant à lui rajoute que le manque de festival et la mauvaise foi de certains responsables du secteur constituent entre autres les faiblesses du théâtre au Bénin. Dans la même dynamique, Casimir Agbla alias Dom-Dom étale les insuffisances suivantes, comme étant le goulot d’étranglement du théâtre au Bénin.<<Manque d’infrastructures adéquates; Insuffisance et mauvaise gestion du financement de l’état; Mal organisation du secteur; Face aux vrais enjeux du théâtre les acteurs se livrent à des querelles de personnes.>> Énumère t-il.

Comme tout bon acteur passionné et heureux de son art, ces comédiens béninois se nourrissent d’un espoir. Malgré les précédentes difficultés qu’ils ont énuméré, que ça soit Carole Lokossou, Jean-Louis Kedagni, Lucas Allavo ou encore Casimir Agbla, tous restent optimistes. Ils sont convaincus de ce que le théâtre pourrait encore être redoré d’une couleurs encore plus vive, si les actions qu’ils faut sont posées. Ainsi, Jean-Louis Kedagni énonce 5 points qui peuvent permettre d’y arriver. <<Première chose revenir a la base pour encourager les jeunes au théâtre;
2- il faut une volonté politique; 3-Il faut revoir le contenu de l’article 98 de la constitution de la République du Bénin à l’Assemblée Nationale ;
4- il faut renaitre le Festival International de Théâtre du Bénin (FITHEB)…>>. En plus de tout ceci, Lucas Allavo pense qu‘<<il faut juste beaucoup plus de sérieux et beaucoup plus de détermination dans toute la chaîne de production théâtrale>>.

Très ambitieuse et optimiste Carole Lokossou quant à elle sent que depuis peu, il y a tout de même un effort conséquent qui est fourni par les jeunes et les moins jeunes pour que le théâtre puisse renaître et que ses résultats soient plus remarquables. Aussi, au delà de son appel pour la dotation d’espaces de diffusion et distribution, elle invite à un renforcement de la formation même s’il y a quelque chose qui est fait. Par ailleurs, elle est convaincue qu’il y a dix milles façons d’aller chercher le public pour qu’il s’intéresse au théâtre. Et pour y arriver, elle demande juste que tout le monde s’y mettent : <<Il suffit de s’y mettre, de mettre le financement, les cadres et les hommes qu’il faut dans un réseau pour qu’un diagnostic soit fait afin que le théâtre retrouve des couleurs encore plus vives>>. En plus de tout ceci, Dom-Dom quant à lui pense que pour une meilleure couverture nationale du théâtre, il serait bien de penser à y introduire les langues nationales.

Ainsi parlent les acteurs du théâtre au Bénin !!!

Une meilleure organisation du secteur avec beaucoup plus de sérieux et la dotation d’espaces de diffusion et de distribution des différentes créations. Ainsi se résument les doléances de ces acteurs afin de permettre au théâtre béninois de s’affirmer d’avantage au plan national et international.

Bérénice Célia Gainsi