Koffi Gahou: Une vie au service de la culture
Le Bénin était encore appelé Dahomey quand naquit Koffi Gahou le 22 octobre de l’an 1947. Ardent défenseur de la cause artistique avec son engagement pour le statut de l’artiste béninois, Koffi Gahou est un artiste au complet qui de son vivant faisait l’objet de plusieurs pseudonymes de la part de ses intimes amis du militantisme culturel. « Ahouangan, Doyen, Daah, Notable, Sage ou encore chef de collectif », il était presque adulé par ses compères. Koffi Gahou, c’est l’artiste plasticien et spécialiste en tapisserie d’art, mais aussi, c’est le sculpteur, l’écrivain, le comédien, le metteur en scène, le décorateur, pour ne citer que ceux-là.
Des talents innés qui s’éclorent dès le bas âge
Originaire d’Abomey et ayant vu le jour à Gbéto, un quartier de la ville de Cotonou, l’enfance de Koffi Gahou se partageait entre la capitale économique du Bénin, Dahomey d’alors et le centre du Bénin jusqu’au débouché du pays voisin, le Togo. Dès son jeune âge, il développe des aptitudes admirables en dessins et se fait remarquer par ses enseignants et ses camarades. Au-delà de son talent de dessinateur, Koffi Gahou affichait déjà ses talents d’artiste comédien dès les cours primaires. Son premier rôle de théâtre, il le joue en 1960 à la maison de la culture d’Athiémé. Dès lors, Koffi Gahou n’a cessé de faire du théâtre. Un certain nombre de troupes, de Cotonou passant par Porto-novo jusqu’à Aplahoué, bénéficient du talent d’acteur de Koffi Gahou.
En 1974, il fit le choix de sa vie. Alors qu’il devait prendre part à la seconde session du Baccalauréat, Koffi Gahou fit le choix de participer à l’aventure du Festival International de la Jeunesse au Québec, en tant que membre élu meilleur acteur de la troupe scolaire et universitaire ‘’Les cerveaux noirs’’. A partir de cet instant, l’aventure culturelle n’aura plus de répit pour le géant Koffi Gahou.
Une polyvalence artistique surnaturelle avec des partenaires de pointes
Très tôt, Koffi Gahou se lance dans une polyvalence extraordinaire, sentant la chute de la troupe ‘’les cerveaux noirs’’. Il obtient une première collaboration avec Cossi Rock Lauriano, un artiste sorti des écoles d’arts d’Abidjan, avec lequel il a assumé les responsabilités du décor et des costumes dans l’œuvre nationale de création collective théâtrale ‘’Houenoussou’’ au festival de Québec. Très vite, il se trouve un second partenaire de la polyvalence en la personne de Alougbnine Dine. Le trio Gahou-Lauriano-Alougbine fit un parcours remarquable. Toujours dans sa polyvalence, Koffi Gahou fut le précurseur de l’Ensemble Artistique Polyvalent Zama-Hara : la voix du peuple, qui a été sur les fonts baptismaux le 8 février 1975. Son bravoure, sa passion et son dynamisme culturel fut repérés. Ce qui lui valut d’être engagé à la fonction publique en qualité de spécialiste en art, à la Direction Culturelle du Ministère de l’Education Nationale. Une expérience au cours de laquelle Koffi Gahou subit beaucoup de coups bas et de méchancetés de la part de quelques-uns de ses supérieurs hiérarchiques. Des situations qui lui font perdre en 1976, une bourse de l’UNESCO en stage d’animateur au CRAC de Lomé. En lieu et place, on lui intima dans une note du ministre d’aller faire un an de service militaire et trois mois de Formations Commune de Base au Camp de Ouidah.
De l’art pour les corps habillés
En service civique, patriotique et militaire, Koffi Gahou n’a pu contenir sa fibre artistique. Sur ordre du Président de la République et du ministre de l’intérieur d’alors, en visite au camp, Koffi Gahou avait une programmation culturelle pour chaque brigade de la 3ème promotion qui comptait 614 effectifs d’étudiants en fin de cycle et de fonctionnaires d’Etat fraichement engagés. De ces programmes culturels naissent un groupe de musique et de danse folklorique, ainsi qu’un groupe de musique moderne et un autre de théâtre.
Chasser le naturel, il revient toujours au galop
Etant consumer par la flamme artistique, Koffi Gahou démissionne en mars 1978 de la fonction publique, à la grande surprise de tout le monde. Son objectif : se consacrer librement à sa vocation d’artistes.
En 1981, avec la troupe Zama-Hara, Koffi Gahou décroche le premier prix théâtre au Festival National des Arts et de la Culture. Un évènement au cours de laquelle il gagne la promesse d’une bourse d’études théâtrales, de la part de feu Mathieu Kérékou, Président de la République d’alors. En parallèle à sa bourse, Koffi Gahou s’engage dans les administrations du Comité Central du Partie de la Révolution Populaire du Bénin et de la Présidence de la République du Bénin. De là, le passionné culturel s’en sort avec la bourse d’étude d’art dramatique de trois ans, en France.
Entre 1985 et 1989, Koffi Gahou fit six mois au Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique en tant qu’auditeur libre ; il obtint son Certificat d’Aptitude Théâtrale Professionnelle, Option : Formation de l’Acteur et Pédagogie au Conservatoire National de Région Saint Mur (Val de Marine) ; il obtint à l’Institut d’Etudes Théâtrales de Paris III-Sorbonne Nouvelle, une licence, Option : Enseignement ; Aussi, il fit un stage-atelier à l’Institut International de la Marionnette en France.
Il faut noter que c’est en avril 1986 qu’avait eu lieu la première exposition de Koffi Gahou, dans le restaurant d’un franco-béninois à la rue des Ecuries en France. Par la suite, le chef de collectivité comme ses intimes se plaisent à l’appeler poursuit et enrichi son art en tapisserie grâce à de multiples expositions. Aussi, nombreuses sont les expositions auxquelles participe Koffi en Afrique, en Europe, aux États-Unis…
Que ça soit en théâtre, en art plastique, en tapisserie ou toute autre discipline, Koffi Gahou pendant plusieurs décennies a marqué le monde culturel béninois, africain et mondial à travers sa créativité, sa passion et sa carrière riche en expériences.
Véritable défenseur de la cause artistique, le poids de l’âge aura raison de Koffi Gahou qui s’éteint le 24 août 2019 à l’âge de 72 ans, après 41 ans de carrière artistique.
Bérénice Célia Gainsi
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