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Festival Togoville Jazz 2023 : Les Nana Benz du Togo mènent la danse

Festival Togoville Jazz 2023 : Les Nana Benz du Togo mènent la danse

Il était 22h05 ce mardi 18 avril 2023, quand les mélomanes rassemblés à l’Espace Culturel Denyigan prenaient la sortie des lieux, après un une soirée spectacle époustouflante. Sur leur visage pouvait-on lire la joie et la satisfaction d’avoir passé un moment de musique offert dans le cadre de la 9ème édition du Togoville Jazz Festival.

Sur scène à 21h05, il y a avait trois dames et deux musiciens. Tous de blanc vêtu, avec sur la tête des foulards aux couleurs de l’Afrique, ce sont les Nana Benz. Telles des amazones, elles ont pris possession de la scène et y ont foutu une belle pagaille musicale qui met debout le public, qui ne pouvait plus résister à la belle ambiance qu’offrait ces braves dames accompagnées de leurs musiciens.

Au cours de leur performance, elles ont chanté essentiellement des harmonies mais on pouvait aussi écouter des instruments atypiques. Au fond de la scène ce soir, on pouvait apercevoir d’un côté, un assemblage de tuyaux de différentes tailles joué à la main avec des sandales. La mélodie qui s’y sortait était comparable à celle d’un piano.

Aussi, d’un autre côté, c’était plutôt une batterie spéciale, composée de boîte en plastique, en aluminium bordé de cerceau en métal. Et pour soutenir ce cocktail de tempo que pouvaient offrir ces instruments de musique spéciaux, on entendait également les accords cadencés des castagnettes, des gongs et ceux d’un équaliseur.

Les Nana Benz du Togo font de la musique d’inspiration traditionnelle vaudou avec une forte influence de l’afro-punk. Ce qu’elles appellent du ‘’Digital vaudou’’. Majoritairement, elles chantent des harmonies et font des performances vocales sur des rythmes dansants.

Historiquement, quand on parle des Nana Benz au Togo, on fait référence aux femmes d’affaire togolaises des années 1960 qui avaient fait fortune dans le commerce du pagne et du wax hollandais. On les appelle ainsi parce qu’elles roulaient presque toutes dans des Berlines allemandes de la célèbre marque « Benz ». C’étaient des femmes qui étaient un pilier important de l’économie togolaise à l’époque.

Le leitmotiv de Djatougbe, Izea Ledu et Parus Kekeli, trois femmes togolaises qui forment le collectif des Nana Benz du Togo nées il y a quatre ans d’une rencontre avec Peter Solo, le chanteur de Vaudou Game, c’est de lutter pour l’équité du genre et la revalorisation du statut de la femme dans les sociétés africaines. « Notre lutte est de récupérer la place perdue par nos mères au sein de la société ». Lancèrent-elles. D’où cette dénomination Nana Benz. Elles entendent à travers leurs arts, changer de revers à la société patriarcale africaine. Aussi, elles militent pour que les droits des femmes soient reconnus et respectés. Des combats qui sont menés en chants et rythmes afro funk.

Avec les chansons et les rythmes puisant leur source de la religion vaudou, les Nana Benz ont durant cette soirée conquis le public. Sûres de leurs convictions, elles sont des femmes qui ont pour ambition non seulement d’être la porte-parole des femmes marginalisées mais aussi de porter la voix de l’Afrique, celle du vaudou à travers le monde.

Bérénice Célia GAINSI, Bénin
Article rédigé dans le cadre de la phase présentielle de l’atelier d’initiation de journalistes culturels francophones à la production de podcasts avec le soutien de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF)

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