Cinéma : « America Street » Quand le réalisateur béninois Idrissou Mora kpai met sa créativité au service de la lutte contre la discrimination raciale aux États-Unis

À la suite de la projection de son film « America Street » à l’Institut Français de Cotonou, le réalisateur-producteur béninois Idrissou Mora kpai a tenu dans la matinée de ce mercredi 26 juillet 2023, une séance de causerie avec les hommes des médias. Ladite séance qui s’est faite à la terrasse de l’hôtel du lac à Cotonou a été l’occasion pour le cinéaste d’exposer aux journalistes les objectifs et contours de ce film documentaire qui tout en explorant les luttes quotidiennes menées par les Afro-Américains de la ville Charleston, dévoile la ségrégation, l’injustice, la discrimination et la haine raciale dont sont ils victimes.

Aux États-Unis en particulier, l’histoire de la discrimination raciale et de l’inégalité remonte aux jours de l’esclavage. Malheureusement, elle continue de marquer la société américaine de nos jours. De ce faite, les inégalités raciales persistent dans divers domaines tels que l’éducation, l’emploi, le logement et la justice. Les minorités raciale dont entre autres les afro-américaines font face à ces disparités systémiques, qui ne sont que le résultat de politiques et de pratiques discriminatoires héritées du passé.

Dans cet atmosphère de panique, de discrimination, de ségrégation et d’inégalités, certains Afro-Américains comme Joe, l’acteur principal du film documentaire de Idrissou Mora kpai font preuve de résistance et de courage malgré tout ce qui peut se présenter comme risques et périls. « America Street » est tourné dans le quartier East Side de Charleston, où Joe est propriétaire d’un petit magasin du coin, au cœur d’une ancienne communauté noire en voie de disparition. Charleston est une ville qui porte encore les plaies non cicatrisées des griffes de l’esclavage. Près de la moitié des américains y trouvent pourtant leur origine. Malgré les nombreux défis auxquels sont confrontés les Afro-Américains dans cette ville, Joe ne perd pas espoir. Il est déterminé à résister à la perte de son quartier par les forces montantes de l’embourgeoisement .

« J’ai été inspiré pour faire le film lorsque j’ai déménagé en Caroline du Sud en 2013. Je suis un immigrant ouest-africain et j’essayais, et j’essaie toujours, de naviguer dans un pays qui se sent, à bien des égards, de moins en moins accueillant envers les corps noirs. À travers le personnage de Joe, mon film examine comment les Afro-Américains se sentent marginalisés dans une ville autrefois majoritairement noire comme Charleston et comment la suprématie blanche devient plus omniprésente et insidieuse en Amérique. » affirme Idrissou Mora kpai.

De nationalité béninoise, Idrissou Mora kpai est réalisateur, producteur, scénariste, monteur et conférencier. Récipiendaire de plusieurs prix dont la bourse de la John Simon Guggenheim Memorial Foundation et du prix Prince Claus, il avait après l’obtention de son baccalauréat, quitté son pays natal pour l’Algérie, l’Italie puis s’installe en Allemagne. Ils fait les études nord-américaines à l’ Université libre de Berlin de 1988 à 1993 ensuite il étudie la production cinématographique à la Konrad Wolf Film. University de 1994 à 1999. Il est auteur de plusieurs courts métrages et documentaires à savoir entre autres: « Si-Gueriki, la reine-mère », « Faux soldats », « Transitoire », « Indochine, Traces d’une mère », « Arlit : Le Second Paris » et « America Street ». Les œuvres cinématographiques de Idrissou Mora kpai font le tour des festivals et ont reçu plusieurs prix de part le monde.

Bérénice Célia Gainsi