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Théâtre/ « Celles qui reviennent » : L’apothéose d’une transcription dramatique sur mesure

Théâtre/ « Celles qui reviennent » : L’apothéose d’une transcription dramatique sur mesure

Dans la soirée du jeudi 23 novembre 2023, la pièce de théâtre ‘’Celles qui reviennent’’ , sortie de résidence, s’est dévoilée au public de l’Ecole Internationale de Théâtre du Bénin (EITB) à Togbin. Mise en scène par Carlos ZINSOU ADEKAMBI, cette pièce écrite par Pelphide TOKPO, ramène dans le théâtre, l’histoire des jeunes filles lycéennes de la ville de Chibok au Nigeria, a qui les djihadistes ont en 2014, brusquement arraché la liberté et peint leur tableau vitale en noire. Les planches de l’EITB ont donc été minutieusement limé de la prestance et de la solidité de deux comédiennes Cybeline de SOUZA et Nicole WIDA, qui ont su rétrocéder les diverses couleurs enluminer en résidence par le metteur en scène Carlos ZINSOU.

Dans la mémoire des habitants du pays voisin le Nigéria, 2014 est une année sombre. Dans leurs archives mémorables et documentaires sont inscrits qu’en 2014, les groupes djihadistes ont enlevés des jeunes filles lycéennes dans la ville de Chibok. Une opération qui a plongé nombres de familles dans la grande tristesse et amertume. Mais après, dans le hasard total, le groupe terroriste a miraculeusement libéré quelques-unes des filles que Pelphide TOKPO a nommé ‘’ Celles qui reviennent ‘’.

Que deviennent celles qui reviennent ? comment reviennent-elle ? reviennent -elle en entier comme au départ ? Pelphide, par sa plume a inscrit à travers les lignes, mot pour mot la réponse à ces interrogations et les trajectoires de cette animosité infligée par la canaille terroriste.

Ce spectacle de théâtre amplement porté par cybeline DE SOUZA et Nicole WIDA s’est déroulé dans un espace scénique expressif ; très fidel aux intentions du texte. Aussi, les variations lumineuses notifiaient quelques fois la terreur, le tourment, le vide ; c’est une atmosphère dont les idées sied bien avec l’environnement des djihadistes. Plusieurs autres lumières sont émises pour indiquer tel ou tel lieu. Les costumes rouges sur blancs des comédiennes peint l’espoir et le danger surtout avec un séjour aussi terrifiant dans la forêt de zanguizana avec Aboubakar chegou ‘’chef djihadiste’’.Carlos ZINSOU dans sa démarche artistique a exploré des pistes détaillées de la question du terrorisme. Cette thématique que l’on aperçoit la plupart du temps que dans les documentaires, les témoignages, vient faire feu de bois au théâtre. Cette grande avancée théâtrale est le lieu de se questionner sur tous les mobiles et modus operandi des hommes terroristes car aucun pays n’est à l’abri de leur attaque. Une minuscule erreur sécuritaire les conduiraient dans tel ou tel pays.

Ce spectacle, c’est aussi une ouverture sur l’actualité béninoise qui est victime par moment d’attaques djihadistes dans certaines régions du pays, de courant extrémiste aussi bien islamiste que chrétien et même Vodoun. L’intention première de ce travail de Carlos ZINSOU est d’ouvrir le débat sur ‘’La question du fondamentalisme religieux’’ quelque soit sa couleur car c’est vrai que le phénomène est déjà à notre porte.

C’est donc une sonnette d’alarme pour lutter contre ce phénomène.Dans ce périple dramatique, des jeunes filles enlevées sont farouchement violées, d’autres radicalisées et d’autres même devenues des femmes des ‘’Arches de Dieu‘’ (les djihadistes) ; C’est ainsi que d’autres reviennent ou sont revenus abimées et parfois acceptées et accueillies de leur famille. Mais pas évidents pour certaines d’entre elles. Les parents n’admettent pas ce retour empreint de déséquilibre physique, psychologique et psychique.

Dans la pièce de théâtre « Celles qui reviennent’’, les filles rejetées ont rejoint des camps de l’ONU et comme un piège sans fin les groupes djihadistes les ont à nouveau attaqués et le cycle vicieux reprend. Le metteur en scène a matérialisé par moment les propos des comédiennes par des projections explicative. A un moment, « Un Arche de Dieu » a ordonné que les filles ayant connu déjà un homme ou non se distinguent. Ce propos a par exemple été matérialiser par des pommes rouges, vert et des pastèque.

Pendant que les comédiennes transportaient le public dans les vagues d’émotions, elles ont aussi gratifié le public de liasses de billet dollars en papier avec l’inscription « bring back Our girl » ; Un moment unique et festif pour monter comment même dans le drame certaines personnes peuvent se faire de l’argent. Le choix de texte du metteur en scène et la qualité du travail qu’il en a fait est un chef d’œuvre à porter dans plusieurs théâtres pour faire voir au monde comment le théâtre évalue et interprète la démarche terroriste.

Edith ZODEHOUGAN (Stag)

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