JTC 2024 : A la découverte des pièces de théâtre en lice pour la compétition officielle
À l’occasion de la 25è édition des Journées Théâtrales de Carthage, une programmation d’exception, pleine de diversité et de créativité dont une compétition officielle s’y déroule. Cette course aux Tanits, met la lumière sur des pièces de théâtre qui explorent des thématiques diverses, tout en s’ancrant dans les réalités sociales, politiques et humaines contemporaines. Quelles sont les pièces qui sont en lice pour cette nouvelle édition des JTC qui se tient à Tunis du 23 au 30 novembre 2024 ?
Les Journées Théâtrale de Carthage (JTC) sont un événement incontournable dans le monde du théâtre. Cette manifestation artistique rassemble des talents venus des quatre coins du monde, tout en incarnant un espace de dialogue interculturel où les voix les plus singulières trouvent un écho universel. Dans le cadre des JTC 2024, une douzaine de pièces de théâtre sont en lice pour la compétition officielle.
Les synopsis des pièces en compétition officielle de la JTC 2024 se présentent comme suit :
- A ceux qui gravissent la montagne (Jordanie)
Texte : Kafa AlZâabi
Mise en scène : Abdelssalam Qabilat
Une pièce théâtrale musicale inspirée du roman « Retourne à la maison Khalil » (Go Back Home, Khalil) de Kafa Al-Zou’bi. C’est l’histoire de « Thouraya » en quête du corps de son mari « Youssef » mort en martyr suite au Massacre de Deir Yassine perpétré par les sionistes. Quand elle ne trouve pas le corps de son mari, elle part le chercher dans les villages avoisinants, convaincue que Youssef est toujours vivant. Durant sa quête, Thouraya est accompagnée par les histoires rapportées autour de l’héroïsme de Youssef et de sa résistance à l’occupation. L’œuvre est un mélange de performance théâtrale, de narration littéraire et de chant.
- La Victoria (Maroc)
Texte et Mise en scène : Ahmed Amine Sahel
L’œuvre raconte l’histoire d’un leader d’un groupe d’ultras nommé « Jaguar ». Il tombe amoureux d’une fille et se retrouve obligé d’abandonner les principes et les lois qui régissent les groupes d’ultras en permettant à sa bien- aimée d’intégrer le groupe malgré le refus de ses amis. L’adhésion d’Intisar au groupe générera de gros conflits pour le leader « Jaguar », en plus du fait que la police le poursuivra en raison de son implication dans l’assassinat d’un fan appartenant à une autre faction. Les événements finissent par révéler la nature de la relation entre le leader « Jaguar » et sa bien-aimée qui n’avait qu’un seul objectif : se venger, ou plutôt remporter la victoire.
- Comment nous pardonner ? (Émirats Arabes Unis)
Texte : Ismail Abdallah
Mise en scène : Mohamed Al- Amri
En présence de personnalités influentes, une femme condamnée à mort prononce un dernier discours chargé de révolte contre les valeurs qui se sont perdues. Soudain, on annonce que l’exécution de la peine de mort a été reportée en raison du décès du président de la Cour suprême dans un accident. Compte tenu de cet état d’urgence, un nouveau président doit être choisi dans l’heure, pour exécuter la sentence et de se débarrasser de cette femme… Mais qui est cette femme dont on veut faire taire la voix ?
- Médecin après la mort (Sénégal)
Texte : Balla Diop
Mise en scène : Ibrahima SARR
Dans un labo clandestin, trois voleurs sont entrés en infraction. Lorsque le propriétaire des lieux les surprend, ils se font passer pour des fous venus se soigner. Vieux, solitaire et archaïque avec une myopie avancée, le médecin entre souvent en démence parce qu’il a fait une découverte sur un supposé virus qui lui a coûté cinq ans de prison. Cinq longues années qui ont changé le cours de sa vie. Dans cette pièce composée de deux actes divisés en quatre scènes, se joue, dans une symbiose entre lumière, décors et espace. Les mouvements de corps des acteurs mettent en évidence la santé dans tous ses états.
- Danse céleste (Tunisie)
Texte et Mise en scène : Taher Aissa Ben Arbi
Hala, une femme emprisonnée, dans les conventions sociales et la soumission à l’homme. Elle découvre que l’amour n’a rien à voir avec les traditions sclérosées. Elle s’interroge sur l’amour absolu entre l’humain et le céleste. Le temps présent et le XIIIe siècle se ressemblent, guerres et épidémies, effondrement de la morale du monde, crise de l’humain et de l’amour. Hala commence par lire un roman et tombe amoureuse de l’écrivain qui, atteint d’un cancer, se laisse mourir. Elle apprend de lui la poésie à travers l’art du cinéma comme Jalal AlDin AlRumi apprend la poésie de son alterégo bien-aimé, Shams Al-Din Al-Tabrizi. La douleur crée toujours une nouvelle naissance, la danse du ciel.
- Entre deux cœurs (Qatar)
Texte : Taleb al-Dous
Mise en scène : Mohammed Youssef al-Mulla
Le capitaine « Inar » dirige le village et ses agriculteurs. Il instaure des lois qui s’adaptent à ses intérêts et aux intérêts de son frère le commerçant. Le dictateur tente de négocier avec un agriculteur « Chahed » pour avoir son accord de greffer le cœur de son fils dans le coma suite à une blessure par balle afin de sauver son propre enfant après la vérification de la compatibilité des deux cœurs. Face au refus du père et sa demande de venger son fils, le dictateur met en doute sa paternité…
- La maison d’Abu Abdallah (Irak)
Texte et Mise en scène : Anas Abdessamad
Pour raconter la patrie avec ses maux et ses joies, ses moments difficiles et ses moments heureux, le metteur en scène n’a trouvé mieux que « La Maison d’Abu Abdallah » avec toutes ses variables, ses hauts et bas…Usant du symbolique de la maison et de plusieurs détails de la vie en famille tels que les droits et les devoirs, Anas Abdessamad raconte sa patrie, s’interrogeant sur des questions fondamentales telles que la liberté, la sacralité du corps, l’oppression…Misant sur le corps de l’acteur et adoptant le méta-théâtre, la scène se transforme en un espace de confession et de dénonciation de l’oppression du pouvoir…
- L’Amoureux (Palestine)
Texte : Mahmoud Darwich
Mise en scène : Nabil Azer
Voyage dans la mémoire, restitution de la vie et du parcours de l’une des voix majeures de la poésie palestinienne et arabe, « L’amoureux » raconte Mahmoud Darwich à travers ses textes poétiques et narratifs. La création suit le poète dans des villes et des lieux qui ont marqué sa personnalité et ses écrits tels que : le village d’Al-Birwa, Haïfa, Beyrouth, Paris et la Cisjordanie. Du lyrique au dramatique en passant par l’épique, l’œuvre propose de raconter l’histoire de Mahmoud Darwich, focalisant sur des thèmes clés tels que la naissance, l’amour, le sacrifice, la lutte, de la mort, le rêve du retour…
- Toxic paradise (Tunisie)
Texte : Elyes Rebhi, Sadak Trabelsi
Mise en scène : Sadak Trabelsi
« Toxic Paradise » est inspirée d’événements et d’histoires réels. La pièce dépeint la tragédie d’une famille tunisienne qui lutte inlassablement contre la mort au quotidien, pris au piège d’un chaos total … de l’exclusion et du non-application de la loi, lorsque l’usine de la ville se transforme en un temple de la mort, où les vies s’envolent sans compter, et la ville se transforment en une fosse commune… Ici dans ce paradis empoisonné, le parfum de la mort est partout. « Toxic Paradise » frappe le dernier clou dans le cercueil de la patrie meurtrit par une catastrophe environnementale… Il n’y a pas d’échappatoire au destin inévitable… Sois-tu vis dans une douce torpeur …et illusion envoûtante, soit tu meurs…en silence
- Tnein bellLel – La Comédie musicale (Liban)
Texte : Samer Hanna et Macy Abboud
Mise en scène : Samer Hanna
C’est l’histoire de Wael, un écrivain excentrique dont le pessimisme le pousse à penser au suicide. Le chaos s’installe lorsque Lisa, sa voisine fougueuse, entre dans sa vie, déclenchant une série de mésaventures comiques. La relation se complique quand la mère toxique de Wael débarque. Lisa devient alors la coach de vie pour Wael en tentant de lui redonner le goût de vivre. « Tnein Bel Lel » est une comédie qui embarque le spectateur dans un voyage dans les complexités des relations humaines mettant l’accent sur la force de l’amour.
- Zone franc(h)e (Bénin)
Texte : Edouard Elvis Bvouma
Mise en scène : Bardol Migan
Une farce sur la migration où un migrant qui s’appelle De Gaulle est sommé de s’expliquer sur les raisons de son arrivée en France. Caché dans un tronc d’arbre, il déclare sa flamme pour la France à une avocate qu’il surnomme Marie-France. Tentative de séduction ou vile stratégie pour échapper à l’inspecteur de la brigade des refoulements ?
- Fin d’une partie
Texte : Samuel Beckett traduction Paul Chaoul
Mise en scène : Saïd Kabil
Il y a 60 ans « Fin de partie » était la première œuvre jouée par la troupe «Al Taliaa» mis en scène par Saad Ardèche. Illustrant la philosophie et l’identité de ce théâtre, la pièce est rejouée dans une version contemporaine signée Saïd Kabil . Elle met en scène quatre personnages physiquement handicapés, dont les deux principaux sont Clov, qui est le seul à pouvoir se déplacer à sa guise ou presque, et Hamm qui est son maître. Tous vivent dans une maison qui est, selon les dires des personnages, située dans un monde désert, dévasté et post-apocalyptique. Pièce en un acte, le nom de la pièce « Fin de partie » fait allusion au jeu d’échec, une métaphore de la vie des personnages où chacun d’eux joue une bataille perdue d’avance entre eux ou entre eux et leur destin.
Ces pièces, chacune avec sa singularité, témoignent de la richesse des traditions théâtrales et des préoccupations contemporaines à travers le monde. Elles incarnent la mission de la JTC : offrir une plateforme aux créateurs pour partager des histoires puissantes, tout en favorisant la diversité et le croisement des cultures. À travers cette compétition, le festival continue de démontrer son engagement à valoriser la scène internationale tout en ouvrant une fenêtre sur des récits rarement entendus. Qui sera le lauréat de la compétition officielle des JTC 2024. Wait and see.
La JTC 2024 s’annonce donc comme un véritable carrefour artistique, où chaque production, dans sa forme et son contenu, enrichira le dialogue mondial. Un événement à ne pas manquer pour tous les amoureux du théâtre et de la culture mondiale.
Bérénice Célia GAINSI // Source: https://jtcarthage.tn/
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