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Célébration de la JISTNA 2020 : Hommage en mémoire des déportés du mémorial de Zoungbodji à Ouidah

Célébration de la JISTNA 2020 : Hommage en mémoire des déportés du mémorial de Zoungbodji à Ouidah

A l’instar du monde, le Bénin sous la coupole du Comité de Commémoration (CCOM23) a sacrifié à la tradition ce dimanche 23 août, la célébration de la Journée Internationale de Souvenir de la Traite Négrière et de son Abolition (JISTNA). A Ouidah, dans le village de Zoungbodji, devant le mémorial de l’esclavage, autorités à divers niveaux, têtes couronnées, populations d’ici et d’ailleurs se sont rassemblées en ce lieu de recueillement pour une fois encore revivre l’histoire et rendre un vibrant hommage aux déportés de la traite négrière.

Avec pour objectifs de les préparer à leur nouvelle condition de vie, les esclaves subissaient avant leur embarquement sur les bateaux négriers, de sévères traitements. Les plus faibles qui n’y résistaient pas étaient simplement jetés dans une fosse commune où ils agonisaient jusqu’à leur dernier souffle. Aujourd’hui appelé Mémorial de Zoungbodji, un monument fut érigé dans le cadre de Ouidah 92, à cet endroit où leurs dépouilles fut découvert.

Chaque année donc, depuis 2014, le Bénin à travers le Comité de Commémoration (CCOM23) s’est mis dans la dynamique de revivre en pensée, et d’une façon particulière, en ce lieu, l’histoire de ses déportés, afin de leurs rendre hommage et de démontrer qu’ils ne sont pas oubliés. C’est ce qui justifie ce dimanche 23 août 2020, la présence d’un parterre d’autorités, de têtes couronnées ainsi que de toute la population devant le Mémorial de Zoungbodji pour célébrer la Journée Internationale de Souvenir de la Traite Négrière et de son Abolition (JISTNA).

Les déportés ne doivent pas être oublié

Pour Christophe Chodaton, Président du CCOM23, ce moment est non seulement, un instant de recueillement devant la mémoire des déportés africains et de tout les autres qui ont subis l’esclavage dans le monde, mais c’est également un moment <<pour rendre hommage à ces combattants dont les luttes ont permis l’abolition de l’esclavage>>. La plus grande de ses luttes avait eu lieu dans la nuit du 22 au 23 août 1791 dans un lieu-dit Bois Caïman, puis Saint Domingue et appelé aujourd’hui Haiti. Précise-t-il. Pouvoir se rassembler, malgré les conditions sanitaires actuelles et malgré la sobriété de la cérémonie est déjà une victoire selon Christophe Chodaton. Une victoire débordante contre l’oubli, dans le silence et des larmes intérieures. Les traces ces martyres de la traite négrière étant encore visible sur cette place de Zoungbodji, ainsi qu’à travers la ville de Ouidah, il est impératif de ne pas les oublié. <<Nous ne pouvons pas les oublié, nous ne devons pas les oublié>> conclut le Président du CCOM23.

Les membres du CCOM23

Monument dédié aux déportés

Valoriser les sites de mémoire, pour la perpétuité de l’histoire

Également présent sur les lieux avec ses conseillers, Christian Houétchénou, maire de la ville de Ouidah a pour sa part, invité à briser le silence sur les non-dits et les non sous-entendu sur cette tragédie afin de garantir <<Un dialogue intercommunautaire autour d’une histoire commune>>. Pour la première autorité de la ville de Ouidah, la célébration du 23 août ne doit pas être circonscrit aux discours solennels mais elle doit être accompagnée de geste concret. <<Ce devoir de mémoire ne doit pas être seulement évoqué le 23 août dans des discours solennels et annuels que nous tenons. Elle a besoin d’action, de lieu, d’institution>> affirme-t-il. Et pour rendre ça réel et effectif, le maire annonce que <<La commune de Ouidah s’est investie en 2019 dans de longues procédures auprès de l’UNESCO pour l’obtention du label Site de mémoire associé à la route de l’esclave>>. Des démarches qui ont abouti à bon port puisque depuis quelques jours, l’UNESCO a accordé le label à trois sites que sont : le temple des pythons, le fort portugais et la route de l’esclave. Par ailleurs, le conseil communal par la voix de son maire s’engage à rendre les prochains 23 août, plus mémorable.

Dépôt de gerbe par le maire Christian Houétchénou

Représentant le ministre de la Culture du Tourisme et des Arts (MTCA), Carole Borna a quant à elle, après avoir félicité le CCOM23 pour toutes les actions entreprises, et tenant compte de l’impact culturel de la célébration du 23 août, affirme que << cet évènement permet de promouvoir et de renforcer les liens culturels entre le Bénin et la Diaspora à travers des échanges culturels et un tourisme orienté vers l’histoire, l’art et la culture>>. Elle a par ailleurs fait un clin d’œil aux différentes actions prévues par le Programme d’Action du Gouvernement (PAG), pour permettre de développer un tourisme de mémoire éthique et maitrisé. Et dans ce cadre, on peut citer la construction future du Musée International de la Mémoire et de l’Esclavage (MIME) et dont les travaux ont déjà débuté dans la ville de Ouidah. Ce musée, va être un lieu de témoignage sur l’esclavage transatlantique et ses conséquences.

Carole Borna/Représentante MTCA

Dans l’allocution officiel de la cérémonie de la célébration de la JISTNA, Jean-Claude Codjia, préfet de l’Atlantique tout en félicitant le CCOM23 pour l’organisation de cette célébration et en remerciant tout un chacun de leur présence à cette rencontre de souvenir et de ressourcement, à faire constater que bons nombres d’actions sont prévues et menées par le gouvernement en place pour la sauvegarde absolue de ce passé tout aussi dramatique qu’édifiant. Il a par ailleurs invité chaque acteur concerné à y mettre du sien afin que les prochaines célébrations de la JISTNA, suscitent encore plus d’intérêt et d’engouement.

Jean-Claude Codjia/Préfet de l’Atlantique

Donner au 23 août une portée de taille

Elle est peut-être célébrée dans la sobriété et dans la simplicité. Mais la célébration de l’édition 2020 de la JISTNA annonce des jours plus radieux pour les prochaines éditions puisqu’elle est le lieu de plusieurs engagements aussi bien individuel, qu’étatique. En veut pour preuve, l’engagement du député Mathieu Adjovi, également présent à cette cérémonie, de réfléchir avec ses collègues de l’assemblée nationale à toutes les initiatives possibles, pour faire du 23 août, une journée reconnue sur le plan national, comme c’est le cas pour le 10 janvier, journée dédiée aux religions endogènes au Bénin.

Honorable Mathieu Adjovi

Pour rappel, la Journée Internationale de Souvenir de la Traite Négrière et de son Abolition est instituée par l’UNESCO en 1998, dans l’objectif, d’inscrire la tragédie de la traite négrière dans la mémoire de tous les peuples.

Bérénice Célia Gainsi

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