Rêve mon pays : Quand le Danhomey et le Bénin du futur se racontent au cours d’une soirée de conte

Dans la soirée du samedi 26 novembre 2022, l’École Internationale de Théâtre du Bénin (EITB) a été le cadre du spectacle de conte « Rêve mon pays ». Conté par Carlos Zinsou, c’est un spectacle qui offre un voyage au cœur de la richesse ancestrale et du patrimoine culturel béninois. Une richesse qui lutte pour se faire révéler au Bénin de l’an 3000, afin qu’elle puisse continuer à demeurer et à servir de repère à toute cette modernité qui s’impose à elle.

A travers des mélodies enchantées où se côtoient les rythmes des tambours comme pour faire référence à nos danses et rythmes patrimoniaux, et l’ambiance électrique de la guitare comme pour faire référence à toutes ces nouvelles musiques urbaines, « Rêve mon pays » est un songe qu’exprime Carlos Zinsou à haute voix. Un songe qui offre un voyage au cœur de la richesse ancestrale et culturelle béninoise. Une richesse qui lutte pour se révéler au Bénin futur, au Bénin de l’an 3000.

« Rêve mon pays » est ce qu’on peut appeler une science-fiction qui ramène à la vie, les héros royaux du Bénin, qui se sont donnés comme mission d’affronter la réalité de la modernisation et des nouvelles technologies de l’an 3000. Une réalité qui parfois oublie ses repères et ses origines culturelles. Une réalité moderne qui rentre ouvertement en conflit avec celle des ancêtres. Un conflit qui dans le cocktail de conte de « Rêve mon pays », trouve son issu grâce à l’intervention d’une femme. La seule femme qui avait régné sur le royaume de Danhomey en tant que reine d’Abomey de 1708 à 1711.

Grâce à cette dernière, qui fit irruption au milieu des anciens rois du Danhomey et les protagonistes du Bénin du futur, un consensus est trouvé. Celui de la réunification des forces de chaque citoyen de l’ancien et du futur monde, pour que règne enfin une cohésion et un vivre ensemble solide. De cette réunification, les hommes du futur reconnaissent qu’un peuple sans histoire est un peuple perdu. Ils n’auront pas d’autres choix que d’adhérer à une reconnaissance de leurs origines ainsi qu’à la pérennisation de la culture.

« Rêve mon pays » est donc ce conte qui, telle une carte touristique, met non seulement en valeur la culture béninoise, mais aussi insiste sur la place très importante que la femme occupe dans la société. <<L’idée pour moi c’est déjà de dire aux béninois au prime abord, « rêvez votre pays »…Si nous ne sommes pas perpétuellement dans le rêve d’avoir un pays grand, équilibré, on aura jamais un pays grand et équilibré.>> affirme Carlos Zinsou, le conteur de « Rêve mon pays ». Il poursuit, <<Il y a un aspect fondamental qui transparaît pour moi, c’est le positionnement de la femme dans tout ce processus de modernisation….C’est vrai qu’il y a de plus en plus de campagne qui dit qu’on veut restituer la femme dans son contexte et tout ce qui va avec. Mais je pense que ce spectacle de conte fait un appel. On ne peut pas penser au développement de demain sans penser à la femme…Dans le spectacle, le choix de femme qui a été fait pour jouer ce rôle de pont et de pacificateur, celle qui amène l’élément qui bouleverse les choses et qui transforme les péripéties, c’est l’une des femmes les plus braves que le Bénin ait porté. C’est pour dire au gens oui la femme, mais choisissons celle qui sont braves, appuyons-les, offrons la possibilité à ces femmes qui sont capables car elle sont déterminantes dans le processus de modernisation qui est en cours. >>

Ainsi, comme ça peut se lire, « Rêve mon pays » est une mélodie de songe qui appel à la pérennisation et à la promotion de la richesse culturelle et patrimoniale du Bénin, mais qui rêve également d’une femme béninoise encore plus considérée et de plus en plus engagée et plus impliquée dans la vie de toujours au Bénin.

Il faut rappeler que « Rêve mon pays » a été offert au public, grâce à l’appui financier de l’Institut Français de Cotonou. Et pour la suite de l’aventure, en attendant une tournée nationale en 2023, le spectacle sera encore jouée le 7 décembre 2022 à l’espace Mayton de Calavi.

Bérénice Célia Gainsi